L’installation est constituée d’une centaine de gouttières en zinc connectées entre-elles. L’eau peut s’écouler d’une gouttière à l’autre pour rejoindre le canal. Une structure similaire à celle des portes-caténaires permet, par des câbles tendus, de reprendre la partie haute de l’installation.
À contre-courant c’est inverser la gravité: le flux de gouttières escalade la voûte de pierre pour rejoindre le ciel. À contre-courant est une réflexion sur le cycle de l’eau, le canal semble s’échapper dans le ciel tandis que la pluie s’écoule discrètement pour continuer à le remplir. À contre-courant, ce sont des gouttières qui promènent l’eau, ce sont des canaux qui transvasent les uns dans les autres, tous les égouts qui volent l’or bleu pour le conduire dans les entrailles de la ville. À contre-courant, ce sont les tramways qui s’engouffrent sous les gouttières, ce sont les passants qui marchent les yeux levés, les cyclistes qui s’arrêtent brusquement, ce sont tous ces flux qui entrent et sortent du tunnel, dans un sens comme dans l’autre.
Mon intervention crée un signal dans le parcours, elle requalifie l’espace sous le pont. Elle invite le promeneur à rêver, à spéculer librement sur le cours de l’eau.